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Parole d’Expert : J.F. Etienne – Les soft skills en 2024

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Jean-François Étienne, responsable du développement d’un organisme de formation, apporte des éclairages pertinents sur les soft skills, leur place prépondérante dans le monde professionnel et les méthodes pour les développer efficacement. Son expérience chez Orange, son expertise en formation, son nouveau livre sur l’entrepreneuriat, ainsi que ses recommandations pour améliorer la compréhension des compétences humaines essentielles dans un contexte professionnel en constante évolution, offrent des pistes précieuses pour les professionnels souhaitant renforcer leurs soft skills et optimiser la gestion des talents.

Q : Bonjour Jean-François ! Pour débuter cet entretien, pourriez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours ? 

J-F.E : Bonjour, je suis Jean-François Étienne, j’ai 59 ans. J’ai commencé mes études dans le domaine du marketing et de la recherche. J’ai pu ensuite débuter ma carrière professionnelle dans des maisons d’édition et des PME. J’ai rapidement endossé un rôle d’entrepreneur en rachetant les titres des PME où je travaillais. J’ai été amené très tôt à diriger une petite entreprise. Ensuite, j’ai intégré un groupe qui était connu sous le nom de France Télécom, aujourd’hui Orange, où j’ai occupé des postes liés au marketing stratégique et au développement commercial. Au cours des dix dernières années, j’ai œuvré dans le domaine de l’égalité des chances et de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, toujours au sein d’Orange. Parallèlement, je suis formateur depuis une vingtaine d’années. Je suis responsable d’un Master 2 à l’IAE Paris-Est où j’enseigne le marketing et le développement des affaires. Depuis deux ans, je dirige un organisme de formation dédié aux créateurs d’entreprises et aux chefs d’entreprise.

Q : Pour rentrer directement dans le vif du sujet, pouvez-vous nous donner votre définition des soft skills et nous exposer votre point de vue ?

J-F.E : Les soft skills, pour moi, représentent une catégorie de compétences fondamentales qui, en réalité, présupposent les compétences techniques. Quand on en prend conscience, on se doit de les mettre en avant, d’autant plus qu’à mes yeux, elles priment sur ce qu’on pourrait appeler les hard skills. Dans le fond, je vois les soft skills comme un ensemble de compétences plutôt comportementales, englobant tout ce que cela implique : relations interpersonnelles, aptitudes humaines, etc. Je les place véritablement en tête, car elles contiennent en germe les compétences techniques que l’on peut développer dans un métier. J’ai également créé un module d’e-learning destiné aux entrepreneurs sur ce sujet.

Q : Pour lier votre parcours et votre vision des soft skills, pourriez-vous nous partager des exemples concrets de situations que vous avez rencontrées dans lesquelles le développement des soft skills a été un enjeu ?

J-F.E : Certainement ! Elles interviennent régulièrement. Par exemple, avec un collaborateur que je supervisais, je l’ai amené à développer son esprit de synthèse. Cela peut sembler anodin, mais rédiger des synthèses de comptes rendus pour améliorer l’efficacité de sa communication personnelle et professionnelle est crucial ! C’est cette aptitude à assimiler les règles, à se concentrer sur l’essentiel pour favoriser la communication et les relations avec autrui.

Q : Vous avez mentionné le coaching et la mise en place de formations. Avez-vous eu l’occasion de mettre en place des formations axées sur le développement ou la sensibilisation des soft skills chez Orange ?

J-F.E : En effet, nous avons lancé une formation destinée aux étudiants apprentis en collaboration avec un partenaire spécialisé dans ce domaine. Ainsi, tous les étudiants apprentis d’Ile-de-France, volontaires, ont pu travailler sur ces compétences. Cela incluait également des élèves de troisième que nous accueillions en stage et qui ont pu bénéficier d’une sensibilisation à ce sujet.

Q : Pourriez-vous nous présenter votre nouveau livre sur l’entrepreneuriat dont vous nous avez parlé ?

J-F.E : Ce livre traite spécifiquement de l’entrepreneuriat. Il commence par mettre en lumière l’importance d’une meilleure connaissance de soi en tant qu’entrepreneur, où les soft skills jouent un rôle crucial. Il s’agit avant tout de comprendre les tenants et aboutissants de cette connaissance de soi, de relier cela aux compétences techniques et métiers, et d’expliquer comment établir un profil à partir d’un questionnaire type. Ensuite, le livre met l’accent sur la structuration de l’offre et du modèle économique, en mettant en avant une notion que nous considérons essentielle, à savoir celle de la chaîne de valeur. Notre ouvrage propose une approche méthodique, détaillant les méthodes et les outils pour créer de la valeur, la promouvoir, la partager et la défendre. Cette approche se distingue par sa non-conformité à l’approche traditionnelle souvent adoptée pour accompagner les entrepreneurs. Ensuite, nous abordons la phase d’expérimentation en insistant sur les tests des hypothèses d’un modèle économique. Une fois ces étapes franchies, sans pression, nous nous concentrons sur la partie financière, notamment le chiffrage du modèle économique pour évaluer la rentabilité et la viabilité des comptes. Notre approche met en avant une meilleure connaissance de soi en tant qu’entrepreneur, en proposant des méthodes et des outils pour travailler de manière ciblée et précise sur une compréhension approfondie de la chaîne de valeur associée au modèle économique. Nous mettons également l’accent sur des tests continus pour réduire l’incertitude d’un projet.

Q : Compte tenu de tous les mouvements actuels en entreprise, que ce soit dans le domaine du recrutement, de la mobilité interne, de la gestion des talents, et des thèmes qui gravitent autour de ces sujets, quelle est votre vision quant à la valeur ajoutée des conseils que vous prodiguez dans vos livres ?

J-F.E : Pour ma part, j’insiste sur l’importance pour les porteurs de projets, entrepreneurs ou collaborateurs, de se concentrer sur le développement personnel et une meilleure connaissance de soi. Il me semble essentiel que chaque individu, collaborateur ou porteur de projet, travaille à mieux se connaître en utilisant des outils appropriés. En ce qui concerne les recruteurs, je constate parfois que les soft skills sont à la mode, mais que dans les descriptions de poste, on met souvent l’accent sur les compétences techniques et métiers, et moins sur les soft skills. Cela soulève pour moi la nécessité d’une formation des recruteurs sur cette thématique, ainsi qu’une attention particulière sur un sujet connexe : les soft skills et le recrutement impliquent de travailler sur ce que l’on appelle les biais cognitifs ou les raccourcis mentaux inconscients, préférant cette dernière dénomination. Cela permet, notamment dans le domaine du recrutement, de prendre du recul vis-à-vis du potentiel des candidats, et de s’orienter davantage vers un recrutement basé sur le potentiel plutôt que sur des caractéristiques préétablies. Il s’agit donc d’être formé à la détection des soft skills d’une part, et de tenter de contourner les raccourcis mentaux présents chez chaque individu.

Q : Chez AKANEMA, nous avons une vision bien précise concernant les soft skills : nous pensons que ces compétences se développent en dehors de l’entreprise, dans le cadre extra-professionnel. Quel est votre avis sur cette vision ?

J-F.E : Absolument ! Je suis totalement en accord avec cette vision ! Que ce soit dans le monde de l’entreprise ou bien avant que les collaborateurs n’y accèdent, même dans le milieu étudiant de l’enseignement supérieur, par exemple, il est crucial de développer un ensemble d’aptitudes qui ne sont pas uniquement le résultat d’un enseignement spécifique, mais plutôt issus d’expériences personnelles et collectives vécues par l’individu dans son entourage, lors de voyages, dans des activités musicales, etc. À mon sens, l’individu a déjà acquis ses compétences bien avant de rejoindre l’enseignement supérieur ou le monde professionnel. Je dirais que cela se situe à hauteur de 80 % dans ce cadre-là.

Q : Toujours en lien avec les expériences extrascolaires et les soft skills, nous disposons d’un jeu nommé Entracte. Avez-vous en tête une expérience en dehors du cadre professionnel qui vous aurait marqué et où vous auriez développé une ou plusieurs de ces compétences ?

J-F.E : Si je prends, par exemple, le sens du collectif, une soft skill que je considère comme importante, je l’ai développée depuis mon enfance à travers la pratique d’activités sportives, notamment le football et le volley, au sein des équipes auxquelles je participais. Cette aptitude au travail d’équipe s’est développée au fil des années dans ces contextes sportifs. C’est un premier exemple. Ensuite, j’ai en mémoire un autre exemple : la capacité à créer, à imaginer et à innover. J’ai développé cette compétence en pratiquant la musique, une activité que j’apprécie énormément. En explorant des idées de développement que j’avais en tête et que j’expérimentais, cela a conduit à la création de produits et de services. Dans le domaine du marketing, cette compétence peut être un atout majeur pour innover. Pour être plus précis, j’ai également pu les développer pendant mon enfance en créant des jeux, en adaptant des règles de jeux existants pour jouer de manière plus améliorée et équilibrée.

Q : Pour conclure cet échange de manière plus globale, en tant que professionnel expérimenté, auriez-vous des conseils à donner aux professionnels en entreprise ou aux travailleurs indépendants qui liront cette interview et qui cherchent à développer leurs soft skills ainsi qu’à appréhender la gestion des talents d’une autre manière en mettant en place des formations ?

J-F.E : Je crois fermement qu’il est essentiel de passer par la formation pour réellement prendre conscience de ce que sont véritablement les soft skills, et non seulement en comprendre le concept, mais en saisir la réalité. Ainsi, la formation permet de s’approprier ces compétences. Lors de ces formations bien menées, il est également important d’envisager et de mieux comprendre les liens existants entre ces compétences et les compétences techniques spécifiques à chaque métier, et de pouvoir établir des passerelles entre les deux. Pour moi, la formation est une nécessité et le meilleur levier pour atteindre ces objectifs.

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